Chez le manager, les compétences relationnelles ou soft skills prennent de plus en plus d’importance. Mais comment intégrer ces aptitudes sans dénaturer le rôle du manager ?
Certains experts soulignent la nécessité de remettre en question cette tendance à valoriser à l'excès l'empathie et la bienveillance.
Chez le manager, les compétences relationnelles ou soft skills prennent de plus en plus d'importance. Mais comment intégrer ces aptitudes sans dénaturer le rôle du manager ?
Humaniser les compétences professionnelles
Les annonces d'emploi pullulent de termes tels que "autonomie", "bienveillance" et "leadership", mettant en avant les compétences humaines au même titre que les compétences techniques. Selon une étude du Boston Consulting Group (2021), ces qualités de cœur sont désormais essentielles pour créer de la valeur et mobiliser les équipes. Cependant, certains experts, comme Christophe Genoud, soulignent la nécessité de remettre en question cette tendance à valoriser à l'excès l'empathie et la bienveillance. Dans son ouvrage "Leadership, agilité, bonheur au travail : Bullshit ! En finir avec les idées à la mode et revaloriser (enfin) l’art du management" (2023), Genoud appelle à repenser ces concepts qui peuvent parfois obscurcir plutôt qu'éclairer la voie du management.
Divergence d’interprétation des « softs skills »
La définition de ces "soft skills" peut varier considérablement d'une personne à l'autre. L'autonomie, par exemple, peut être interprétée comme la liberté de choisir ses horaires de travail ou comme la capacité à prendre des initiatives. De même, la passion peut être perçue comme un engagement total ou comme un risque de déséquilibre vie professionnelle-vie personnelle. Ces différences d'interprétation soulignent la complexité de l'intégration des compétences humaines dans le monde professionnel.
Les caractéristiques d’un bon leader
Pourtant, malgré ces divergences, des qualités telles que la considération, l'empathie et l'écoute sont largement plébiscitées par les répondants comme des caractéristiques essentielles d'un bon leader. Trouver un consensus autour de ces compétences devient alors un enjeu majeur pour les processus de recrutement et de gestion des équipes.
Équilibre entre empathie réelle et compréhension des besoins
Il est également important de nuancer le concept de bienveillance. Comme le souligne Christophe Genoud, l'empathie ne garantit pas nécessairement des actions morales bénéfiques, mais peut être motivée par des considérations d'image ou d'amour-propre. De plus, trop d'empathie peut parfois conduire à un paternalisme nuisible plutôt qu'à une véritable compréhension des besoins des collaborateurs.
Certains experts, comme le psychologue Paul Bloom, remettent même en question l'efficacité de l'empathie dans la prise de décision, la qualifiant de "soda sucré" : tentant mais potentiellement nocif. Ils prônent plutôt une approche de compassion rationnelle, fondée sur la compréhension des motivations et des raisonnements de l’autre.
En conclusion, si l'empathie et la bienveillance restent des qualités importantes en milieu professionnel, il est essentiel de trouver un équilibre et de ne pas tomber dans l'excès. La véritable clé du management réside peut-être dans la recherche de la réciprocité et de la compréhension mutuelle, plutôt que dans une surabondance de "soft skills" souvent mal interprétées.
Crédit photo : Yan Krukau / Pexels